**C’EST DONC CA LA VÉRITÉ SUR TRAORÉ ?**
Dans un climat médiatique où la désinformation et les manipulations à travers les réseaux sociaux sont devenues monnaie courante, le président burkinabé Ibrahim Traoré fait l’objet d’une attention particulière. Un article récent de France 24 a suscité des débats en rapportant que le soutien dont bénéficie Traoré serait en grande partie une illusion, générée par des vidéos deep fake utilisant l’intelligence artificielle.
Depuis le début du mois de mai, des clips musicaux mettant en avant Ibrahim Traoré, interprétés par des stars internationales telles que Justin Bieber et Beyoncé, inondent les réseaux sociaux. Pourtant, ces vidéos, qui font la promotion du président, seraient en réalité des créations virtuelles sans lien avec la réalité. Selon des experts, ces publications visent à construire une image positive de Traoré à l’échelle internationale, en particulier auprès des anglophones.
Le chercheur Samba Dialpabi, spécialiste en désinformation, a déclaré que même si aucune preuve directe n’établit que le gouvernement burkinabé soit à l’origine de cette campagne, il en retire néanmoins des bénéfices. Il a mis en lumière le fait que les vidéos en question sont souvent produites par des influenceurs, et non par des individus réels, ce qui soulève des interrogations sur l’authenticité du soutien envers le président.
Le gouvernement burkinabé, selon les déclarations officielles, ne serait pas impliqué dans la création de contenus générés par intelligence artificielle. Cependant, des observateurs notent que les vidéos glorifiant Traoré semblent suivre une stratégie de communication orchestrée, visant à renforcer son image. La diffusion de ces contenus, qui peuvent être produits rapidement et à faible coût, soulève la question de l’intégrité des soutiens affichés sur les plateformes numériques.
Un créateur de contenus nigérian a même admis être à l’origine de plusieurs de ces vidéos, les produisant pour un tarif d’environ 1000 dollars chacune. Selon lui, le projet initial était personnel, mais la viralité des vidéos l’a conduit à commercialiser ses créations. Cela met en lumière le phénomène de la manipulation d’image à partir d’outils d’intelligence artificielle, qui peuvent créer des apparences de soutien massif sans fondement réel.
La situation est d’autant plus complexe que France 24, en tant que média, a connu des tensions avec le gouvernement burkinabé, ayant été suspendu en raison de la diffusion d’interviews controversées. Cela alimente la suspicion quant à l’objectivité des reportages sur le Burkina Faso et sur Traoré.
À travers cette affaire, on peut observer un phénomène plus large de lutte pour la perception publique, où le contrôle de l’image devient essentiel dans le cadre de la politique moderne. La question demeure : jusqu’à quel point est-il éthique de recourir à des outils numériques pour façonner l’opinion publique ? Dans un monde où la frontière entre réalité et virtualité devient floue, la véracité des soutiens politiques doit être questionnée avec une vigilance accrue.
Il est crucial de rester attentif aux dynamiques médiatiques et aux stratégies de communication déployées par les gouvernements, en particulier dans des contextes aussi sensibles que ceux de l’Afrique de l’Ouest. La situation d’Ibrahim Traoré est un rappel poignant de l’importance d’une information vérifiée et d’un discours public authentique dans une époque de désinformation généralisée.